Un cinéaste montréalais cherche la séquence manquante d'un film qu'il destine à sa femme et à sa fille, et qu'il voudrait accomplir comme un travail de deuil. Cette séquence qu'il cherche est aussi l'image de lui-même, de l'amour et de la mort, quelque chose comme l'image, impossible, de son désir, qu'il n'arrive pas à saisir.
C'est une histoire connue, de fuite de détour de retour. Elle en engendre une autre, ressemblante inédite inventée. Une histoire détournée qui renverse le passé en futur, une histoire que chacun s'approprie comme la sienne; une histoire de tous pour tous. Jonas c'est Yona la colombe du Déluge qui rapporte à Noé le rameau d'olivier, et c'est un enfant fou, camarade d'autrefois qui un jour revient monte l'escalier, rapportant avec lui la mémoire qu'on croyait perdue. Il faut l'écrire l'histoire, l'appâter pour repêcher l'enfance.
Sur la rivière Rouge il y a eu du flottage jusqu’en 1970. Une nuit à La Macaza on l’a vu danser au-dessus des troncs morts un flambeau dans chaque main, il n’avait pas vingt ans, un costaud tout en noir descendant le courant son talit sur la tête dans la lumière de la lune et des flambeaux; il dansait sur les billots de la drave la tête couverte de son châle de prière, tout le monde l’a vu. Plusieurs prétendent l’avoir connu; ce ne sont pas les mêmes qui l’ont vu danser.